COLETTE (Sidonie Gabrielle Colette, dite)... - Lot 37 - Oger - Blanchet

COLETTE (Sidonie Gabrielle Colette, dite) [Saint-Sauveur-en-Puisaye, 1873 - Paris, 1954], romancière française. Pièce autographe signée. Sans date ; 5 pages in-4° sur papier bleu. « Sculpteur ou peintre, l'artiste, quand il cisèle ou peint un visage humain, montre tôt s'il a du talent, une connaissance profonde, une familiarité. Serai-je atavique, de la forme humaine, du squelette et de la pulpe expressive qui le recouvre. Ce qui fait rares et rend attachantes les expositions comme celle qu'abrite le galerie Briant. Robert, c'est l'étonnement du peintre ou du sculpteur devant la bête, son ignorance parfois, son émotion souvent. Je me souviens de la surprise éperdue d'un parlementaire intelligent - il y en a - devant une grande libellule que j'avais capturée, et son cri d'interrogation : - Là là ! qu'a-t-elle là ? - Mais où là ? - Là, ces globes de chaque côté de sa tête, ces sphères transparentes, irisées, ces ampoules qui reflètent le bleu de l'eau, le vert des arbres, toutes les couleurs de l'univers ? - Mais ce sont ses yeux, voyons ! L'homme politique me regarda, rêveur, incrédule : - Ses yeux... Ce n'est pas possible ... Ça se saurait ... Je n'ai point vu de libellules chez Briant-Robert. Mais telle esquisse de chat, telle statue de chien, tel portrait de fauve, telle blanche oeuvre gracieuse, monument funéraire pour une jeune biche morte et encore des figures d'oiseaux nocturnes, et une série commémorative, si j'ose écrire de croupes percheronnes révèlent - évident l'étude sous la maîtrise comme sous l'étude encore humble, - une sorte d'émerveillement. [...] Le bouledogue généreux de Toulouse-Lautrec pardonne tout à notre médiocrité de deux-pattes. Ici, là, l'équilibre animal et ses apparents paradoxes, le lustre des grands yeux chevalins et des croupes, la volute marine que décrit une queue de fauve racontent la curiosité, la déférence, la fascination de l'artiste. Tout ici nous écarte, nous repose de l'homme. »